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GLOBELUNE
1 mars 2012

Epilogue Paris-Allemagne

Seconde Fuite vers Berlin

Essai pour un voyage avec un chargement minimum ! J’arrête de me promener avec autant d’affaires. Le vol que j’ai réservé pour aller au Maroc, ne concerne que le billet pour moi et un sac à main de 10 kilogrammes. Normalement, je n’ai pas besoin de plus d’affaires que pour l’Europe de l’est, j’ai compris ce qui ne m’était pas vraiment utile et vais donc m’en séparer. Ensuite je dois avouer que je n’aurai pas besoin de tant de vêtements. En Afrique noire, le temps sera plus chaud, adieu vêtements d’hivers, bonjour l’été ! Je compte emporter seulement un change pour les sous-vêtements, un sarouel et un jean. Si j’ai besoin d’autre chose, je l’achèterai. Mon sac ne dépassera pas dix kilo et je me réjouis déjà, de ne plus plier sous le poids de celui-ci. L’appareil photo, l’ordinateur et le livre électronique, voilà l’essentiel de mon domaine. Le minimum vital puisque c’est avec cela que je peux tenir à jour mon carnet de voyage, ce que je considère à présent, fièrement, comme un véritable travail. Ainsi, mon univers est réduit dans son plus simple apparat : mon outil de travail, ma bibliothèque, ma pharmacie et mon identité.

Cette troisième partie du voyage, devrait démontrer un engagement plus abouti de mon périple. Je sens que cela devient plus stimulant, plus réfléchi et qu’enfin ces pérégrinations vont commencer à se construire dans une suite un peu plus logique, pas seulement de tourisme. Mais pour l’instant, restons sur le lieu qui nous intéresse.

Berlin.

Epilogue, jeudi à Paris

Départ à 19h30, le premier mars. Le voyage ne s’est pas tout à fait déroulé comme prévu. Pour commencer, il m’a renvoyé quelques années en arrière, lorsque je prenais pour la première fois, la poudre d’escampette -comme nous disons- une sorte de première fugue initiatique. J’avais 23 ans, et je quittais enfin pour de vrai, le nid douillet français désireuse de découvrir autre chose et d’achever quelque chose que j’avais commencé, parler une autre langue. Avec une prédisposition aux langages extrêmement réduite et une assurance pour le moins hésitante, rien ne laissait supposer un tel départ. Et pourtant il y avait longtemps que je rêvais de faire ce trajet. Le bus au départ de Galliéni, partait vers Stuttgart pour dix heures de route. Le voyage de 2007, je me rappelle, fut quelque peu chaotique, et j’étais déjà totalement dépaysée dans cet espace restreint, où les chauffeurs et la plupart des passagers (en vérité, fort peu nombreux) parlaient une autre langue que la mienne. Je me souviens de ces heures, comme d’un rêve tâtonnant, éperdu entre réalité et folie douce, comme si je pénétrais un autre monde. Sommeil entrecoupé d’arrêts, de pauses plus ou moins informelles, durant lesquels les interventions au micro, que je ne comprenais pas, faisait régner une atmosphère surréaliste.

Ce fut ma première folie, au sens de ; la première chose étonnante, osée que je fis. Très stressante sur le moment, et pourtant après coup, je me sentis si fière d’avoir réussie cette épreuve, que je me mis à aimer cela et à en éprouver une véritable addiction, un véritable besoin d’aventure, de nouveauté et de qui vivra verra !  

Ce n’était ni un rêve, ni un cauchemar, comment expliquer ne pas avoir de plaisir particulier sur l’instant, ni plus tard d’ailleurs, et pourtant se dire que sans cette étape, rien ne serait arrivé. Je ne considère pas que ce fût l’acte qui m’a le plus transformée, la révélation arriva bien plus tard, grâce à l’Inde, mais sans le départ vers Aschhausen, il n’y aurait peut-être jamais eu d’Erasmus, et sûrement encore moins d’Erasmus-mundus. Je serais sans aucun doute, celle que j’étais alors, simple citoyenne rêvant de gagner de l’argent afin de pouvoir subvenir à tous ces besoins matériels, dont on nous assure l’importance vitale et, se mourant d’ennui dans sa routine quotidienne.

Voilà la véritable raison donc, question de survie. L’ennui est la pire des maladies qui existe sur terre et pourtant elle est si facile à guérir, lorsque l’on veut bien se donner la peine d’en trouver les solutions. Un électrochoc pour sortir de cette routine, voilà ce qui était important. Voilà donc ce que je fis.

Et arrivée à la gare de Stuttgart, c’est bien une détonation interne qui m’obligea à prendre sur ma panique naissante, trouver où je dois aller, se faire comprendre, être comprise, acheter un billet de train en direction du château…Tant d’éléments à penser. Il n’y a rien de plus stressant, qu’une gare à l’heure de pointe, imaginez-vous donc dans une fourmilière, où chacun s’affaire à sa tâche, et où vous, petite fourmis fraîchement arrivée, vous ignorez tout de votre chemin, de votre tâche et êtes dans l’incapacité de demander quoique ce soit, vous êtes fourmis étrangère, et les autres sont pressées et n’ont que peu de temps à vous consacrer. La difficulté première sera dès lors, de ne pas se faire entraîner dans cette avalanche de pattes, question de survie toujours.

Cinq ans plus tard, c’est tellement plus simple. Parler n’est plus un problème, je maîtrise assez de langues pour parer à toutes interventions. L’Allemagne ne représente plus cette grande inconnue qu’elle était alors, l’Allemagne, mieux que cela, est devenue ma deuxième maison. Le voyage est toujours aussi éreintant, mais sans aucun stress ni appréhension, la timidité n’existe plus, j’ai vécût assez de situations pour ne plus ressentir aucune craintes de ce genre. Une infime partie du monde m’appartient. Je me sens chez moi dans bien des endroits, les hommes sont presque tous mes voisins.

Effectivement, le  voyage ne s’est pas vraiment déroulé comme prévu du point de vu organisation pratique, car j’escomptais sur la lecture prolongée du « second livre de la jungle » sur mon livre électronique, or très souvent, les lumières dans les transports en communs, sont fort mal ajustées. J’étais malheureusement placée entre deux de ces fameuses loupiottes, je n’avais pas pu choisir une autre place, car c’était la dernière de libre –pas de lumière, pas de lecture- Dommage, je n’ai pu lire que 45 minutes, après, toutes les lumières s’éteignirent pour plonger les passagers dans une torpeur nocturne, que je ne tardais pas à suivre, n’ayant rien de mieux à faire. Quelques pauses ; une vérification des passeports, mais aucun passager ne fut embarqué (comme ce fut le cas au premier voyage), il n’y a pas non plus eu, l’arrêt glauque dans un village retiré. J’ignore encore pourquoi à 5 heures du matin, ils nous avaient tous fait descendre dans un hangar sordide, nous blafards, livides, déportés de nos sièges, avions attendu que l’on décide de notre avenir (ou plutôt attendu un autre transport ou simplement que furent nettoyés les toilettes, qui vraisemblablement avaient un souci). Mystère, peu après ils nous avaient fait remonter dans le bus, sans autres formes de procès et après avoir effectivement noyés les W-C  de jets d’eau. Quelle sensation désagréable de ne pas comprendre ce qu’il se passe, de ne rien saisir de ce qu’on vous dit et tout ça, arraché à un sommeil déjà fort malmené.

-Tristes funambules abandonnés à leur triste sort, dans leur pyjama rayé-.

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